Né en 1924 à Bobo-Dioulasso, Martial Daouda Zio, surnommé affectueusement « Papa Zio » célèbre ce mercredi 24 décembre 2024, cent ans de vie bien accomplie avec sa famille. Cet homme qui incarne la résilience, la sagesse et la foi représente une époque révolue marquée par les luttes pour l’indépendance, les conflits mondiaux et les défis sociaux. À travers ses récits, on perçoit une personne profondément attachée à ses valeurs humaines et spirituelles. Témoignage d’un parcours séculaire!
En 1945, alors âgé de 20 ans, Martial Daouda Zio rejoint l’armée de la Haute-Volta. En 1947, il part pour l’Indochine où il participe à la guerre aux côtés de la France. Au cours de son périple « d’ancien combattant, il a foulé les sols maliens et sénégalais avant de rentrer à Bobo-Dioulasso en 1952.
Dans cette ville qui l’a vu maitre, Papa Zio poursuit son parcours militaire en rejoignant la gendarmerie nationale en 1954. Sa carrière s’étend sur plusieurs décennies, au cours desquelles il se distingue par son engagement et sa discipline.
Cependant, c’est à force de ne pas être promu au Burkina que Martial Zio avait décidé de se lancer à l’aventure de l’Indochine. En son temps, beaucoup jugeaient cela trop risqué, mais lui ne les a pas écouté. « Je voulais mes galons. Mais comme je ne les ai pas eus. J’ai donc décidé d’aller en Indochine en espérant que là-bas, mes efforts seront récompensés », témoigne-t-il.

Ce sentiment d’injustice n’a cependant pas entamé sa détermination. En Indochine, il réalise son rêve en intégrant les rangs de Brigadier, de Brigadier-chef et enfin de Marshall de Logis. À chaque étape, il a fait montre de valeur et de courage en devenant un exemple pour ses camarades.
La foi comme force de vie
La foi joue un rôle central dans la vie de Zio Martial. Son expérience en Indochine en est un témoignage frappant. « Un matin, alors que nous effectuons la prière de l’aube, nous avons été encerclés par les chinois. J’ai levé les mains et imploré Dieu pour qu’il nous sauve. Et il m’a entendu. La troupe de plus de 3000 hommes qui nous avait encerclée est repartie de façon mystérieuse. Le lendemain, nos supérieurs étaient tellement contents qu’ils ont voulu m’envoyer en pèlerinage à la Mecque. Mais j’ai refusé, car Dieu n’aime pas l’exhibition », raconte-t-il avec humilité. Cette expérience renforce la conviction de Martial Zio que la foi peut déplacer des montagnes.
- La prière est devenue pour lui une source constante de force. Aujourd’hui, à 100 ans, il observe ses 5 prières quotidiennes et considère que la foi est essentielle pour faire face aux épreuves de la vie et aussi pour obtenir une meilleure place dans l’au-delà.
Il souligne que si, à un moment donné, il retrouvait un instant de jeunesse, il l’utiliserait pour prier. « Si le bon Dieu me redonnait un instant de jeunesse je l’utiliserais pour prier », insiste-t-il sans cesse.
Un modèle familial et social
Outre son parcours militaire et spirituel, Zio Martial est un homme profondément attaché à sa famille. Son dévouement envers ses enfants et petits-enfants est un pilier de sa vie. Son fils Zakaria Zio, professeur de filières scientifiques à Bobo-Dioulasso, témoigne de la rigueur et de l’amour que son père lui a transmis. « Mon père a toujours été un modèle de respect de la femme et de chef de famille. Il ne s’est jamais comporté de façon féodale, mais avec sagesse et responsabilité. C’est un homme de paix, qui a toujours évité les disputes », raconte-t-il avec fierté. Cette éducation basée sur l’amour, le respect et la discipline a façonné les générations suivantes.
Zio Martial est également un homme généreux. Chaque fois que sa pension arrive, il n’hésite pas à soutenir les plus démunis. « J’aime avoir de l’argent en pagaille pour dépanner ceux qui en ont besoin. Il suffit parfois juste d’un don de 10 000 francs pour égayer la journée de certains. Et j’aime bien partager cette joie là », explique-t-il.
Sa belle-fille Afoussatou a elle aussi trouvé en lui un père égalitaire. C’est d’ailleurs la première personne qui nous a relaté la sagesse de notre centenaire hors pair et nous a conduits à lui ». Elle souligne que Papa Zio a toujours eu un impact profond sur sa vie, en lui transmettant des valeurs qu’elle transmet aujourd’hui à ses propres enfants.
Regard critique
Malgré son âge avancé, Zio Martial reste un observateur averti des évolutions sociales. Il est particulièrement critique envers la jeunesse actuelle, estimant qu’elle manque parfois d’engagement et de discipline. « Si tu leur donnes tout, ils n’ont plus de motivation », explique-t-il. Il regrette également que certains jeunes ne prennent pas suffisamment conscience des sacrifices que leurs parents acceptent pour leur offrir un meilleur avenir « C’est douloureux de voir des jeunes échouer sans reconnaître l’effort de leurs parents », ajoute-t-il, un air de tristesse dans la voix.
Pour lui, la véritable sagesse réside dans l’effort et la persévérance. « On ne réussit pas sans travail. Il faut savoir se battre pour ce qu’on veut », affirme-t-il fermement.
La vieillesse et la mort
À 100 ans, Martial Zio vit sa vieillesse avec une certaine sérénité. « La vieillesse vous amène à réfléchir sur la mort », dit-il, mais il ajoute aussitôt : « Chaque matin, quand je me réveille, je remercie Dieu pour la vie. ». Cependant, il n’a pas peur de la mort, car il vit dans l’espoir de la rencontre avec Dieu.

Son plus grand rêve aujourd’hui reste simple : voir ses petits-enfants réussir comme l’ont fait leurs parents. Pour lui-même, l’objectif ultime est d’entrer au Paradis. Car il reste convaincu que la foi et la droiture guideront son chemin vers l’au-delà.
Une lucidité intacte
Ce qui frappe chez Papa Zio, c’est sa lucidité. À travers plusieurs interviews réalisées au fil du temps, il a prouvé que ses propos sont d’une constance et d’une sagesse indéniables. Même à 100 ans, sa mémoire est toujours aussi vive. Dans ses gestes simples, sa foi profonde et sa générosité, Papa Zio a fait montre d’un héritage précieux, celui d’un homme qui a su, toute sa vie, rester fidèle à ses principes.
Aminata SANOU
2 commentaires
Bravo Aminata SANOU pour ce beau article à l’endroit de mon Papa et Homonyme Daouda Zio . C’est le père de notre grand ami Yves et Grand d’Aziz tous des amis . Longue vie à Papa Zio . 100 ans c’est un siècle de vie c’est fort c’est lourd . Merci à toi d’avoir immortalisé ses mémoires . Ce serait tellement bien d’avoir une vidéo sur lui . C’est un homme très engagé dans la religion et très spirituel.
Merci