À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, ce 3 mai 2025, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) exhorte les syndicats et les médias à placer l’intelligence artificielle (IA) au cœur de leurs discussions. En phase avec le thème de l’UNESCO, la FIJ souligne l’urgence d’une action collective pour que l’IA soutienne une information éthique, protège la liberté de la presse et préserve l’emploi des journalistes.
Communiqué
À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse (JMLP), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), porte-parole mondial des journalistes, appelle à placer l’intelligence artificielle (IA) au cœur du dialogue social entre les syndicats de journalistes et les médias. Conformément au thème de l’UNESCO pour cette année, « Le journalisme dans le meilleur des mondes – L’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse », la FIJ exhorte les syndicats de journalistes et les organisations de médias à s’engager dans une action collective pour garantir que l’IA serve la création éthique de l’information, protège la liberté de la presse et préserve l’emploi.
Dans ses recommandations sur l’utilisation de l’intelligence artificielle adoptées en juin 2024, la FIJ a souligné que « l’IA ne peut pas remplacer les journalistes humains, et sa production ne doit pas être considérée comme du « journalisme », sauf si elle a fait l’objet d’une surveillance et d’un contrôle humains appropriés. »
La vérification des faits et l’esprit critique sont au cœur du journalisme : l’IA ne peut les accomplir de manière indépendante. La FIJ met en garde notamment contre les préjugés, les stéréotypes et les erreurs factuelles qui peuvent contribuer à induire le public en erreur. La Fédération souligne que les journalistes sont essentiels à ces tâches.
La montée de la désinformation en ligne alimentée par l’IA constitue une autre menace, exigeant une réponse sous la forme d’une surveillance journalistique rigoureuse. Les deep fakes sont particulièrement problématiques, rappelle la FIJ. « Les deep fakes constituent une atteinte directe à la démocratie et au droit fondamental des citoyens à une information fiable et indépendante », déclare Anthony Bellanger, secrétaire général de la FIJ. « Les journalistes sont en première ligne face à cette dérive, et leur travail de vérification devient de plus en plus important, bien que complexe . »
La FIJ exhorte les syndicats et les médias à aborder la question de l’intelligence artificielle dans le cadre de leur dialogue social. L’IA transforme les rédactions, automatise les tâches routinières, facilite l’analyse des données et génère même du contenu. Cette technologie pourrait améliorer l’efficacité et épargner aux journalistes des tâches répétitives comme la collecte de données. Cependant, la FIJ s’inquiète du peu d’actions entreprises dans le cadre du dialogue social pour garantir l’utilisation éthique de l’IA dans les rédactions, notamment en abordant directement les clauses relatives à la transparence. La Fédération craint notamment que l’IA ne remplace à terme les décisions éditoriales, actuellement prises par les professionnels des rédactions.
Par ailleurs, la Fédération s’inquiète particulièrement de l’utilisation d’œuvres journalistiques pour alimenter l’IA. Ce processus, souvent automatique, peut conduire à ce que les journalistes ne soient pas rémunérés pour leurs articles, sauf accord spécifique préalable avec les médias concernés. Les accords de licence entre les médias et les entreprises d’IA devraient garantir une rémunération équitable des journalistes pour leurs contributions et leur permettre de se retirer s’ils refusent que leurs œuvres soient utilisées de cette manière .
Les syndicats et les médias devraient également veiller à ce que les journalistes, y compris les pigistes, reçoivent une formation adéquate en IA. Ils devraient également les aider à effectuer cette transition professionnelle.
« Il est grand temps que tous les acteurs du secteur réfléchissent ensemble à la manière dont le journalisme peut s’adapter à l’évolution du paysage de l’IA, tout en préservant ses normes éthiques et les valeurs fondamentales de la liberté de la presse », déclare Bellanger. « L’avenir du journalisme est celui où le contrôle humain, la transparence et la responsabilité restent au cœur de l’utilisation de l’IA. Nous devons veiller à ce que la technologie serve à améliorer le travail des journalistes, et non à le compromettre . »
La FIJ appelle toutes les parties prenantes – journalistes, syndicats, organisations de médias et décideurs politiques – à collaborer à l’élaboration de lignes directrices sur l’IA qui privilégient les droits et le bien-être des journalistes. Cet objectif devrait inclure la définition de limites claires quant au rôle de l’IA dans les salles de rédaction, la promotion de la transparence des processus d’IA, la garantie que les journalistes soient rémunérés et puissent refuser que leur travail soit utilisé par l’IA, et la protection de l’indépendance éditoriale. La Fédération souligne également l’importance de la négociation collective, afin de garantir que la voix des journalistes soit entendue à mesure que ces technologies s’intègrent davantage au paysage médiatique.
Fédération internationale des journalistes (FIJ)